Jour 1 – La France, tu l’aimes ou tu la quittes (pour 5 jours)
Quel moment libérateur que de sentir les trains de l’avion décollant du tarmac ! Après plusieurs heures d’attente au terminal de Roissy CDG, on se dit que plus rien ne peut nous arrêter. On s’installe confortablement dans les nouveaux sièges tout confort du Boeing 777-200 de la classe affaires et on profite !!! Je me fais chouchouter par le staff Air France auquel je me suis présenté quelques minutes auparavant (ma soeur travaille sur le vol). Saumon, champagne et foie gras au décollage, ça ne se refuse pas. On vient de dépasser le plafond nuageux de Paris. La vue (la vie ?) est magnifique : du soleil à perte de vue dont les rayons colorent les nuages cotonneux d’une teinte rose / orange. Le voyage va durer 12h , durant lesquelles je vais lire journaux et livres, regarder des films, écouter de la musique, dormir, manger…
30 minutes avant l’atterrissage, le pilote nous prévient de la descente de l’avion. Mes oreilles se bouchent, j’ai le regard rivé sur le hublot. Les lumières des habitations scintillent sur de longues étendues, on aperçoit les bidonvilles qui grimpent jusque sur les flancs des collines. Je n’ai jamais vu cela, la pollution visuelle est énorme. Même depuis l’avion, on ne voit pas les étoiles. C’est véritablement impressionnant : plus de 28 millions de personnes habitent dans le District Federal (DF) de Mexico, soit la moitié de la population française, 5 fois la population québécoise ! Au sol, c’est l’inverse, preuve de la gigantesque masse de population, les rues sont mal éclairées. Il faut chaud, à 23h, je peux me mettre en t-shirt. Plusieurs choses me marquent immédiatement : l’altitude (légère fatigue anormale), la pollution (des déchets partout dans les rues), les habitations (minuscules, les commerces et les murs sont peints avec des réclames – à l’ancienne !-), la tension entre les influences hispaniques et américaines et toujours l’immensité de cette ville. Arrivée au Sheraton à minuit, l’hôtel est somptueux. Dodo.
Jour 2 – La Pyramide du coup de Soleil
Avec le décalage horaire, je me suis réveillé dès 2h du matin et j’ai très peu dormi ensuite. A 8h, je commande un petit déjeuner très copieux (limite boulimique) : omelette au chorizo / fromage, pommes de terre, bœuf au cactus, ragoût, assiette de fruits (goyave, melon, papaye, fraises, ananas, prunes, …). Départ à 9h pour Teotihuacan, à 50km de Mexico, avec une partie de l’équipage. Nous nous séparons entre taxi et métro. Je prends le métro pour me frotter à la foule, j’ai envie de voir à quoi ressemble un mexicain. Première rue à la sortie de l’hôtel, nous rencontrons un groupe de mendiants à terre, vraiment pas beau à voir. On m’avait prévenu que Mexico craignait. L’extrême pauvreté me frappe tout de suite. Je suis impressionné par le nombre de petites échoppes qui bordent les avenues : vendeurs de tacos / jus de fruits, marchands de babioles, bouquinistes, … L’ambiance qui règne est une folle frénésie : la foule, les cris des marchands, le trafic automobile extrêmement dense. Arrivée au métro, 2 pesos le ticket (10 centimes !!!) et encore une fois, un monde fou. Je me méfie des pickpockets et je cadenasse mon sac à dos. Dans le métro, les mendiants et les vendeurs se succèdent. Certains se promènent avec des enceintes sur le dos et un discman pour vendre des cd. Je ressors du métro avec un acouphène. Nous nous entassons dans un autocar, c’est parti pour 1h de route.
Arrivée à Teotihuacan. Nous apercevons depuis déjà quelques kilomètres les pyramides. Le site est immense et s’étend sur plusieurs kilomètres. Teotihuacan « Le lieu des Dieux » a prospéré de -100 av JC à 650 ap JC abritant jusqu’à 200.000 habitants, soit l’une (la ?) plus grande ville du monde. La marche promet d’être longue. Nous retrouvons l’autre partie de l’équipage avant d’entamer l’ascension de la Ciudadela, où résidait probablement le chef suprême de la cité. Il parait que lors de son inauguration, on a sacrifié 260 hommes et femme du haut de la pyramide. On retrouve sur la façade quelques têtes carrées et têtes de Serpents à Plumes (le dieu Quetzacoatl – le temple lui est dédié). On admire le paysage, on s’extasie. On redescend et c’est reparti, cette fois on fonce vers la Pyramide du Soleil qui culmine à 66m de haut, c’est la 3e pyramide la plus haute du monde après Cholula (Mexique) et celle de Kheops (Egypte). Elle fut batie au premier siècle de notre ètre puis reconstruite au début du XXe siècle.
Les marches sont périlleuses, la pente est raide. On arrive au sommet essoufflés et notre premier coup de soleil se fait sentir. La vue est splendide, je reste les yeux écarquillés et je savoure l’instant. Séance photo. Nous sommes à 2 jours de Noël, je suis en haut de l’une des plus hautes pyramides du monde en train de bronzer et ce n’est que le début d’un séjour fantastique, c’est pas magique ? Une fois le souffle retrouvé, on redescend en prenant garde à ne pas faire une roulade fatale. Mes compagnons m’abandonnent pour l’ascension de la troisième pyramide (Piramide de la Luna). Dommage pour eux, elle n’est pas haute mais la perspective que donne la Calzada de los muertos (une avenue de 6km de long et de 40m de large) est impressionnante. Je fais un dernier tour sur la Plaza Mayor puis je rejoint l’équipage pour aller déjeuner.
Nous prenons un taxi à 6 personnes. Difficile d’en trouver un deuxième pour le reste de l’équipage. Notre chauffeur siffle tout ceux qui passent mais, ceux-ci, apprenant l’endroit où nous souhaitons aller s’enfuient !!!! Nous comprenons très vite pourquoi : San Juan est inaccessible en voiture. Une fois dans la ville, toutes les rues sont bouchées et les voitures restent à l’arrêt. Notre chauffeur, malin comme un mexicain, conduit comme un barge (alors que nous sommes 2 personnes de trop dans la voiture – remember !) et prend les rues en sens interdit, oublie la signalisation tout en s’essayant au français ! Nous rentrons dans un restaurant pas très typique. Je prends mon deuxième coup de soleil de la journée, sur la langue cette fois-ci.
Retour à Mexico. Avec ma sœur et ma nièce, nous faisons un tour du quartier autour de notre hôtel. Nous longeons le Parque de la Alameda jusqu’au Zocalo, l’une des plus grandes places du monde où fut érigé la première cathédrale du Mexique (Metropolitana) par Hernan Cortés. On admire le Palacio Nacional et tous les décors de Noël qui commencent à s’illuminer à la tombée de la nuit. Je mange pour 60 centimes dans l’une des échoppes à tacos sur le bord de l’avenue proche de l’hôtel. Les épices me montent au nez. Retour à l’hôtel, je suis exténué.
Jour 3 – Migration à 3300m d’altitude
Réveil à 4h du matin, heure locale. Je vais passer une journée magique, grimpant jusqu’à 3300m d’altitude pour assister à la migration de plus de 120 millions de papillons Monarches venant du Canada.
Départ à 5h du matin en bus, à peine quelques centaines de mètres effectuées et nous croisons un homme qui s’est fait refroidir allongé sur le sol. La police agitée inspecte les lieux. Ca fait froid dans le dos et ça va continuer puisque je ne me suis pas suffisamment équipé pour le voyage. Nous dépassons les 3000m d’altitude à plusieurs reprises et la température avoisine les 0°C, ça fait bizarre après les 25°C de la veille ! Dans la pénombre, je confond même ce que je crois être un lac avec une vaste étendue de neige ! Le lever du soleil est sublime. Le ciel devient orange, je ne me souviens pas d’avoir déjà assisté à un lever de soleil comme celui-ci. Maintenant que le soleil est levé, je peux observer avec attention les paysages et les villages que nous traversons. C’est vraiment le far west. On croise beaucoup de population (contrairement au Canada où une fois sorti de la ville « cité », il n’y a plus rien) mais ce sont des paysans qui vivent avec trois fois rien. Dommage que le bus ne fasse pas de pause car il y a des clichés magnifiques à prendre. On voit les femmes qui font leur lessive à la rivière, les fours à tortillas qui s’activent, les ouvriers qui se rendent à la ferme la plus proche, les hommes avec leurs sombreros qui émergent…
Après 3h de route, et autant de visions insolites qu’un âne à l’arrière d’une camionnette, nous arrivons à proximité du sanctuaire des papillons. Alors là, y a vraiment rien… Vous voyez les documentaires sur Arte qui parlent des péruviens qui vivent en autarcie en haut de leur montagne ? bah c’est à peu près la même chose. On trouve une petite communauté de personnes, un peu à la manière du village d’Asterix : un barde, un chef et quelques artisans. Les gamins viennent mendier quelques pesos pour s’acheter un coca (c’est pas beau la mondialisation ?!). Déjà qu’à Mexico je me sentais vraiment touriste, là en plus je me sens aussi étrange qu’étranger !
Maintenant que nous sommes arrivés au fin fond de la cambrousse (et encore, ce n’est pas le Chiapas !), nous allons effectuer une marche de 4h dans la forêt pour partir à la rencontre des papillons. Il va nous falloir 1h30 pour atteindre les 3300m d’altitude à pied, c’est là qu’on va voir la plus grosse colonie de papillons Monarches au monde. Ils se regroupent par colonie de plus de 10,5 millions d’êtres par hectare et nous allons parcourir 7 hectares, je vous laisse faire le calcul ! En route, le guide nous donne quelques clés de compréhension de ce que nous allons voir. C’est véritablement fascinant. Chaque année, les papillons parcourent plus de 5000 km grâce aux courants d’air chaud cycliques qui vont du Canada au Mexique. Ces migrations sont millénaires, les autochtones les connaissaient déjà depuis très longtemps mais ils en gardaient le secret précieusement car elles étaient associées à un culte très fort. Les colonies furent misent au jour seulement dans les années 60 par les occidentaux !!!
Les papillons chaque année s’accrochent par grappe sur les mêmes arbres, se reproduisent et meurent dans un dernier vol. Romantique, non ? Les papillons migrent du Québec jusqu’au Mexique pour échapper au froid, pourtant à 3300m d’altitude (hauteur des courant chauds), il fait en dessous de zéro régulièrement. C’est pour ça qu’ils se regroupent en grappes et ferment leurs ailes pour rentrer dans une forme d’hibernation. Chaque jour, entre 11h et 13h, alors que la température monte, ils se mettent à voler (pour manger et se reproduire). environ 1/3 des papillons volent en même temps (120 millions / 3 = 40 millions qui volent !!!). Le guide nous tient en haleine et je fini par devenir dubitatif face à ce que je vais voir… « Qu’est ce que je fous au Mexique si c’est pour voir des papillons ? ».
Théoriquement, les touristes ne peuvent pas s’approcher à moins de 50m des papillons. Cependant, on soudoie les gardes avec un petit bakchich et nous allons pouvoir nous approcher (avec quelques précautions : pas de bruit, accroupis presque rampant) à quelques centimètres des colonies !
Vous n’allez pas me croire, mais c’était sublime. Les mots ne peuvent pas décrire ce ressenti, cette émotion, ces odeurs et ces couleurs. Aucune photo ne peut vous montrer ce à quoi j’ai pu assister. Des millions de papillons accrochés sur des dizaines de sapins d’une trentaine de mètres de haut à tel point qu’on n’en distingue plus les branches ! Les papillons s’accrochent à nous, ils sont tellement nombreux au sol qu’on marche dessus malgré toutes nos précautions. Ils sont partout à tel point que la forêt devient orange. C’est l’extase. La marche va durer plus de 4h, en passant par des chemins très « sportifs ». Nous terminerons la promenade au restaurant du village, authenticité garantie !
Au total, j’aurais approché trois colonies à quelques centimètres des grappes. Moment magique : l’une des grappes de papillons s’est envolée face à nous sous la forme d’un tourbillon. Le soir, je reviens à l’hôtel écrasé de fatigue.
Jour 4 & 5 – Mexico, MexicoOoOo !
Les courbatures se font sentir. Ma nièce nous réveille à 5h du matin. « Ça veut dire quoi un 5, un 2 et un 1 sur le réveil ? ». Je comatte jusqu’à 8h avant d’aller me faire un petit-déjeuner une nouvelle fois très copieux (avec le décalage horaire, c’est comme si j’avais sauté 2 repas depuis la veille). Vers 10h, nous sortons pour visiter le quartier de Coyoacan. Nous passons d’abord par le marché de la Ciudadela qui émerge à cette heure-ci. Pas top. On prend donc le métro qui nous conduit au coeur du quartier à visiter. Nous traversons un parc rempli d’écureuils noirs très sociables et de coureurs à pied pour arriver à un autre marché, cette fois-ci beaucoup plus typique. Je découvre des fruits et des produits inconnus. L’ambiance qui règne dans le marché est frénétique, certains se nourrissent déjà de tacos tandis que d’autres négocient le prix de leurs achats. On se dirige ensuite vers la maison de Frida Kahlo et de Diego Rivera. C’est un musée sans prétention mais intéressant à voir car il abrite quelques objets intéressants comme le lit de Frida qui lui permettait de se peindre grâce à un ingénieux système de miroirs. Les oeuvres qui sont exposées n’ont pas un grand intérêt mais on peut apercevoir quelques coupures de presse anecdotiques en français, le journal intime de Frida et ses ateliers. J’apprends aussi que Leon Trosky fut hébergé par Frida pendant quelques années, avant qu’il ne réside à quelques encablures de là (endroit où il se fit assassiner par un tueur à gages à coup de piolet !). Ma soeur décide de retourner à l’hôtel pour se reposer car nous repartons ce soir.
Je poursuis donc ma visite de Mexico tout seul. Je me rends d’abord au musée d’anthropologie où sont exposés de magnifiques objets appartenant à toutes les époques de l’histoire mexicaine : olmèques, toltèques, mayas, aztèques et autres civilisations primitives. Je fais le musée au pas de course (en 2h, alors qu’il m’en aurait fallu facilement le double pour commencer à comprendre ce qui était exposé) mais je m’arrête quand même sur quelques oeuvres majeures comme un gigantesque calendrier aztèque, une tête olmèque, un hôtel sacrificiel maya, des bijoux en or sculptés avec précision, etc. La collection est vraiment magnifique et mériterait de s’y attarder beaucoup plus longtemps. Cependant, je suis un peu pressé car je souhaite voir d’autres quartiers de Mexico avant mon départ. J
e ressors donc du musée et je traverse le Bosque de Chapultepec, un très grand parc avec un plan d’eau et une colline sur laquelle trône le Castillo de Chapultepec. La perspective est très belle, les échoppes pullulent et l’ambiance qui règne est très familiale. Je me perds un peu dans le quartier car je n’arrive pas à trouver le métro. J’atterris quelques minutes plus tard à proximité du Zocalo que j’ai déjà visité deux jours auparavant.
Je fais à peu près la même promenade sauf que je prends cette fois-ci mon temps pour faire quelques photographies. Je m’arrête devant les portes sculptées du musée de la ville de Mexico, je longe les arcades du Palacio Nacional, je fais une halte au Temple Mayor (une pyramide de 45m de haut avant sa destruction par les Espagnols en 1521) puis je continue ma marche. Je tombe par hasard sur la place Santo Domingo où terminent de jouer des mariachis. Je passe devant le musée national d’art, et le musée des Beaux Arts avant de m’égarer dans le parc de la Alameda, face à l’hôtel.
Une douche, je me change et c’est déjà le départ pour l’aéroport. J’en ai presque oublié qu’aujourd’hui c’est Noël. Il faut dire que dans les rues, ce n’est pas la frénésie des grands magasins parisiens. Je n’ai dû voir qu’une seule fois une personne avec un cadeau dans la rue… Noël ce n’est pas pour tout le monde et, encore à 22h, on trouve beaucoup de mexicains dans les rues poursuivant leur activité quotidienne. Pour le retour, je suis à nouveau surclassé. Il n’y a personne dans l’avion (80 personnes en éco, 3 en affaires et 0 en business !) et le pilote me propose d’assister au décollage depuis le cockpit. Quel cadeau de Noël ! Le décollage de nuit au-dessus de Mexico illuminé est tout simplement splendide. Ce sera probablement le dernier souvenir que je garderais de ce séjour.
Après cela, le voyage suivra son cours. Je me fais chouchouter par l’équipage (selon ma soeur, je plais aux stewards !) avec du très bon vin. Le voyage me paraît plus long qu’à l’aller. La preuve, j’ai même regardé le meilleur film de tous les temps : « La Momie 3 ». En tous cas, je n’ai qu’un seul mot pour décrire mon court périple au Mexique : fantastique !
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