Cela faisait longtemps que je souhaitais me rendre en Serbie. Plusieurs voyages ont forgé ma conviction que les Balkans comptent parmi les plus belles destinations d’Europe (et low cost !). Je garde de très bons souvenirs du calme et de la ruralité de la Bosnie, de la Macédoine et du Monténégro, loin des îles –certes magnifiques mais bondées – de la Croatie. Pour ce long week end du 8 mai, s’étalant sur 4 jours, je me suis rendu à Belgrade puis dans le parc national de Djerdap pour profiter pleinement du printemps et faire un premier pas vers l’été.
Belgrade se scinde entre la nouvelle et la vieille ville, chacune occupant une rive du Danube. A la pointe de la vieille ville se trouve une immense forteresse dominant le fleuve et offrant un panorama sur les péniches qui le descendent. On peut passer une heure comme une journée à arpenter le parc de Kalemegdan, celui-ci abrite différents musées ainsi qu’un zoo. Au mois de mai, la foule se presse dans les parcs et on peut aussi profiter du soleil à l’arrière de la basilique Saint Marc ou de l’impressionnante cathédrale Saint-Sava, actuellement en restauration. Le centre historique de Belgrade reste limité mais mérite d’y consacrer une bonne journée de visite, ne serait-ce que pour parcourir les principales rues commerçantes, qui me rappellent Bucarest. On profite de l’architecture prétentieuse de bâtiments aux façades désormais décrépites et aux boutiques désuètes. En fin de journée l’ambiance monte, les rues se bondent et les terrasses de cafés se remplissent. Belgrade est une ville jeune, active où l’on aime sortir à la nuit tombée.
Réveil matinal, direction le parc national de Djerdap. C’est parti pour l’aventure ! Si le trajet pour rejoindre Golubac demande en temps normal environ 2h de route, le manque de signalétique et l’état des routes peuvent facilement faire doubler la durée du voyage. Après ces quelques jours en Serbie, j’ai perfectionné mon art du demi-tour !!! Bref, je ne peux que vous recommander d’emporter un GPS récent dans vos bagages ; même les sites touristiques sont rarement indiqués.
Nous effectuons une première halte à Smederevo pour contempler l’immense place forte, qui contrôle le flux du Danube. Aujourd’hui, les murailles encadrent un parc de jeux, les tags et les herbes hautes ont diminué la grandeur de ce site. Néanmoins, les pêcheurs continuent de placer leurs lignes face à la Roumanie.
Après cette première promenade, nous poursuivons notre route jusqu’à Viminacium, ancien camp romain. Il faut contourner une centrale thermique placée comme une verrue au milieu des champs pour accéder au parc archéologique. Nous sommes malchanceux et la majeure partie du site – parait-il très riche – est en restauration et les guides anglophones recommandés pour la visite sont absents. En négociant à l’accueil, on nous laisse tout de même entrer sur le site pour visiter les thermes en guise de maigre butin.
Nous poursuivons jusqu’à Ram. Il s’agit d’un point de passage en barge vers la Roumanie, dominé par une autre forteresse contrôlant le Danube. Le site est désert et à l’abandon. La nature a repris le dessus, et il faut se frayer un passage dans les herbes hautes pour visiter le château. Les couleuvres prennent le soleil, enroulées sur les vieilles pierres, et déguerpissent au premier bruit. Un peu d’escalade et beaucoup de précautions permettent d’accéder aux remparts.
Il est déjà tard et nous rejoignons un gite réservé à Vinci, petit village à proximité de Golubac. L’offre hôtelière est relativement importante dans la région. Chaque village possède son gite, néanmoins il est rare que l’on puisse réserver sur internet ou que l’hôte parle anglais. Le lendemain nous visitons le parc de Djerdap. Malheureusement, nous sommes pressés et nous ne pouvons pas effectuer l’une des multiples randonnées du parc, mais nous allons cheminer le long du Danube, jusqu’à Kladovo, en voiture.
Face à Golubac, le Danube s’étale et on pourrait se méprendre par sa forme, pensant faire face à un lac. Puis, le fleuve se rétrécit et défile face à une imposante forteresse qui grimpe le long des pentes abruptes. Aujourd’hui la forteresse est traversée par une route (merci le patrimoine…) et nous n’avons malheureusement pas pu nous arrêter, car l’Etat procède à la rénovation de la forteresse et à la construction d’une déviation.
Face à nous se trouve la Roumanie, nous suivons la route et observons les villages de l’autre côté de la frontière. De nombreuse scènes de pêche ponctuent notre lent voyage ; sensations de bonheur et de sérénité. Puis, les paysages se font impressionnants. Les reliefs s’entrechoquent, les montagnes s’élèvent et le Danube rétrécit pour former des gorges.
Nous faisons une halte à Lepenski Vir, un site néolithique majeur, présentant un village d’une quinzaine de huttes qui faisaient face à une montagne au relief étonnant. On y a découvert de nombreuses sépultures et des sculptures anthropomorphiques. Niché en bas de la falaise, le site abrite aujourd’hui un petit musée et une reconstitution du village.
L’attrait de la région reste les défilés de Kazan et les « portes de fer », qui offrent des panoramas majestueux sur le Danube et le péniches qui remontent le fleuve. Le cours d’eau devient si étroit que sa profondeur peut atteindre 90m, pour 130 m de large.
Côté roumain, on observe la tête de Décébale, dernier roi des Daces, que fit sculpter le millionnaire Joseph Drăgan, et qui mesure plus de 55m de haut. On se croirait presque dans le Seigneur des Anneaux !
Nous poursuivons jusqu’à Kladovo où nous visitons la forteresse Fetislam et le camp romain Diana, complètement laissés à l’abandon. Nous avons l’impression d’être les premiers touristes à y mettre les pieds depuis plusieurs mois… La nature a pris le dessus sur ces vieilles constructions, et il faut marcher dans les herbes hautes, à niveau du torse, pour découvrir les lieux. Attention aux serpents, ils se font dorer au soleil sur les murs. J’ai eu le droit d’en réveiller quelques uns, sans trop savoir s’il s’agissait de vipères ou de couleuvres.
Après cette longue journée, nous rentrons au gite avec de belles images en tête. Nous profiterons du calme pour nous reposer, avant de repartir pour Paris le lendemain.
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